L’œuvre complète de l’artiste Cat Power, née Chan Marshall, révèle une artiste complexe et très imprévisible. Pourtant, tout au long de sa carrière, elle a conservé un sens singulier de la mélancolie bluesy qui reste un élément essentiel de sa personnalité d’auteur-compositeur. Ses premiers albums, comme What Would the Community Think en 1996, reflètent l’influence de la scène rock expérimentale de New York. Au fil du temps, cependant, le folk, le blues et la soul dont elle a été élevée se sont fait connaître sur Moon Pix, en 1998, et The Greatest, en 2006, où l’on retrouve des légendes de la soul de Memphis. Voyons tout de suite ensemble notre top 10 des meilleurs albums de Cat Power.
Notre classement des 10 meilleurs albums de Cat Power
10) Dear Sir – 1995
La version de Cat Power que Chan Marshall a présentée sur son premier album Dear Sir est, par essence, assez similaire à ce qu’elle a toujours fait, mais elle est beaucoup plus dépouillée et dispose d’un budget plus modeste. Mais au fond, le lien reste le même : une approche bluesy et mélancolique, enveloppée de beaucoup de soul et de beaucoup de larmes.
D’un point de vue esthétique, Dear Sir est surtout un album de rock indie discret et lo-fi, qui montre l’écriture de Chan Marshall à l’état brut, même s’il est soutenu par les compétences expérimentées de Steve Shelley de Sonic Youth et de Tim Foljahn de Two Dollar Guitar. Un album plein de promesses à venir qu’on place en dernière place de notre classement des meilleurs albums de Cat Power.
9) Myra Lee – 1996
Sorti seulement six mois après Dear Sir, Myra Lee est considérablement plus sombre et plus complexe que son prédécesseur, mais en même temps, une bonne mesure plus difficile. Ce ne peut être une totale coïncidence que Steve Shelley joue sur cet album, qui sonne souvent comme les chansons dissonantes des premiers Sonic Youth.
Néanmoins, les chansons de Marshall, influencées par le blues et le folk, restent au centre de l’attention, mais elles sont présentées d’une manière beaucoup plus gothique. Myra Lee est un peu plus complexe, mais Marshall est encore loin d’avoir atteint le niveau d’écriture qui a fait de ses derniers albums une véritable puissance émotionnelle.
8) Jukebox – 2008
Le premier album de reprises de Cat Power, The Covers Record, était fascinant par la simplicité avec laquelle Chan Marshall s’est emparé de diverses chansons rock et folk d’un large éventail d’époques, pour les faire siennes. Jukebox est un autre album entièrement composé de reprises, dont une reprise d’une chanson de Cat Power, mais la sensation est loin d’être aussi envoûtante.
L’idée, il est vrai, est cool : Marshall et le Dirty Delta Blues Band, qui constituait le groupe de tournée qu’elle utilisait pour The Greatest et qui comprenait des membres de The Dirty Three, Chavez et Jon Spencer Blues Explosion, jouent une session de reprises décousues et pleines de soul. Mais il y a quelque chose qui n’est pas à la hauteur de la collection magnifique et charmante de The Covers Record. En fait, certaines de ces reprises sont carrément ringardes. « New York » de Frank Sinatra, « Blue » de Joni Mitchell n’atteignent pas la cheville de l’original. Dommage. On place Jukebox en bas de notre top des meilleurs albums de Cat Power.
7) Wanderer – 2018
Wanderer est son dixième album, son premier en six ans, et le premier qui revisite chacune de ces humeurs, au moins de manière fugace. La chanson-titre qui ouvre l’album met en avant sa merveilleuse voix. « Robbin Hood » est basé sur le même accord mineur que « Werewolf » de l’album You Are Free de 2002. Parmi les autres points forts, citons « Horizon » ; malgré le fait que l’intro ressemble étrangement à » (Everything I Do) I Do It for You » de Bryan Adams, ce morceau est magnifique. On place Wanderer en 7ème place de notre top 10 des meilleurs albums de Cat Power.
6) The Covers Record – 2000
Initialement une réponse à une période de la vie de Marshall où la chanteuse se sentait plus à l’aise en chantant les chansons des autres que les siennes, ses reprises possèdent désormais une force qui leur est propre, et l’album autoproduit The Covers Record se distingue de ses prédécesseurs en s’orientant vers le grand public moderne.
Les titres de Frank Ocean (« Bad Religion ») et de Lana Del Rey (« White Mustang ») y côtoient ceux de Nick Cave (« I Had A Dream, Joe »), de Jackson Browne (« These Days ») et des Pogues (« A Pair of Brown Eyes »). Marshall a soigneusement choisi chaque chanson pour refléter un souvenir personnel. Un très bel album de la chanteuse qui mérite sa 6ème place dans notre classement des meilleurs albums de Cat Power.
5) What Would the Community Think – 1996
What Would the Community Think est le deuxième album que Cat Power a sorti en 1996, mais sa richesse suggère une plus longue période d’évolution. Dès les premières notes chaudes de « In this Hole », il est clair que la voix de Chan Marshall – en tant que chanteuse et auteur-compositeur – est non seulement plus forte et plus concentrée, mais aussi plus empathique.
Cat Power donne la chair de poule sur What Would the Community Think avec des chansons bluesy et traumatisantes sur lesquelles elle murmure des complaintes sur un arrangement dépouillé de guitare et de batterie. Un cri soudain et fervent – adressé au père de son enfant à naître ou à son propre papa en manque – interrompt le calme.
4) Sun – 2012
En 2012, Chan Marshall est une femme adulte de 40 ans, et une bonne écoute de Sun, son neuvième album, en témoigne. Il s’agit d’un album beaucoup plus dense que Jukebox, son album de reprises de 2008, et même d’un disque plus dynamique que The Greatest, qui contenait certes certaines de ses plus belles chansons. Cat Power est une artiste compliquée, à l’histoire longue et néanmoins captivante, qui continue d’être le symbole d’un songwriting puissant et sans peur. Sun mérite largement la 4ème place de notre classement des meilleurs albums de Cat Power.
3) The Greatest – 2006
Presque tout ce que Cat Power a enregistré pourrait d’une certaine manière être classé comme triste et beau, mais dans le cas de The Greatest, c’est triste et beau d’une manière beaucoup plus conventionnelle. Pour capturer cette esthétique riche et soul, Marshall a enregistré à Memphis avec certains des plus grands musiciens de session des années 60 et 70. « Could We » et « Living Proof », cette dernière figurant parmi les morceaux les plus sexy de Marshall. On retiendra aussi évidemment la chanson-titre, « Hate » et le dernier morceau « Love & Communication ». Bienvenue sur le podium des meilleurs albums de Cat Power.
2) You Are Free – 2003
D’une certaine manière, You Are Free est l’album de rupture de Cat Power avec la célébrité. Tous les artistes ayant un certain niveau de succès passent par là, de On the Beach de Neil Young à Self Portrait de Bob Dylan. En fait, You Are Free est, après Moon Pix, la déclaration la plus cohérente et la plus puissante de Marshall. C’est aussi, ironiquement, l’album avec les musiciens invités les plus célèbres. Eddie Vedder prête ses chœurs à « Good Woman », et Dave Grohl ajoute un jeu de batterie suffisamment intense à « He War » et « Speak For Me ». Un des plus beau album de Cat Power.
1) Moon Pik – 1998
On tête de notre top 10 des meilleurs albums de Cat Power, on retrouve Moon Pix. Ce qui rend Moon Pix si spécial, c’est qu’il résume presque parfaitement tout ce qui est si envoûtant dans l’écriture sombre et honnête de Chan Marshall. Si son approche reste généralement aussi dépouillée que celle de ses précédents albums, il y a quelque chose de plus émotionnellement saisissant dans celui-ci. Sa voix, pour commencer, semble moins réservée et moins marmonnée.
De la boucle de batterie à l’envers de « American Flag » aux flûtes de « He Turns Down », en passant par le double chant et les orages de « Say », les arrangements de Moon Pix reflètent les fines nuances émotionnelles des chansons. La paisible et pleine d’espoir « You May Know Him », l’hypnotique et séduisante sur « Cross Bones Style », et la poignante « Colors & the Kids » ne feront que confirmer que Moon Pix est le chef d’oeuvre de Cat Power.
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