Nouvel album de U2, Songs of Surrender : notre avis !

Notre avis sur le nouvel album de U2 Songs of Surrender

U2 a déjà publié des versions alternatives de ses chansons sur des collections, mais il s’agissait toujours de bonus sur des rééditions (Kindergarten Achtung Baby) ou de sorties réservées aux clubs de fans (Medium, Rare & Remastered, Artificial Horizon). Le dernier et nouvel album de U2, Songs of Surrender, est leur première tentative de réédition pour le grand public. Et il y a de quoi faire !

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Songs of Surrender
  • New Store Stock
The Joshua Tree
  • Where the Streets Have No Name
  • I Still Haven’t Found What I’m Looking For
  • Avec ou sans vous
  • Bullet the Blue Sky
  • Running to Stand Still

Ces 40 chansons n’offrent souvent qu’une infime partie de l’énergie rock and roll des originaux.

Alors, à quoi bon ? Si vous êtes un auditeur de longue date de U2, vous avez tout intérêt à découvrir des facettes de la musique du groupe que vous n’aviez jamais envisagées auparavant. Si vous êtes convaincu que les riffs de guitare de The Edge dans les années 80 doivent être accompagnés d’un délai de 400 millisecondes, vous serez peut-être déçu de les entendre remplacés par le son intense de ses doigts glissant le long des cordes.

Y a quoi sous le capot de Songs of Surrender le nouvel album de U2 en 2023 ?

Beaucoup de ces chansons durent cinq minutes, ce qui signifie qu’elles ne fonctionnent pas bien en tant que single. Elles sont réparties sur quatre disques de 10 titres, chacun représenté par un membre du groupe, mais on ne sait pas s’il y a une raison derrière la spécificité de leur emplacement dans ces listes de lecture. Les 40 chansons ont été enregistrées au cours des deux dernières années, mais il ne semble pas que les quatre membres aient toujours été impliqués.

De nombreux morceaux n’ont pas de basses ou de percussions perceptibles. The Edge a produit l’album et a déclaré que l’objectif était de remplacer l’urgence post-punk par l’intimité. En pratique, cela signifie que certaines chansons sont interprétées dans des tonalités différentes, à des rythmes plus lents et avec de nouvelles progressions d’accords, et que certaines comportent des paroles actualisées.

Beaucoup de ces chansons sont prêtes à être écoutées dans un café. D’autres ressemblent beaucoup aux concerts acoustiques de U2. Dans le meilleur des cas, le nouvel album de U2 Songs of Surrender présente des versions d’univers alternatifs du catalogue classique de U2.

Imaginez U2 avec Edge comme chanteur principal. Il chante sur « Peace On Earth », qui était déjà une chanson de type feu de camp, mais qui l’est encore plus avec une guitare acoustique qui fait le gros du travail. Il a également une voix plus proéminente sur d’autres chansons. « Stories For Boys » est l’une de ces premières chansons, avec des accords de piano scintillants, à la « MLK », où Bono et Edge s’harmonisent. On se rend compte ici que cette chanson rock, l’une des premières déclarations de U2, est devenue un funèbre chant funèbre.

Le nouvel album de U2 Songs of Surrender démarre avec l’une de ses chansons les plus fortes, « One ». Dans cette version, le batteur Larry Mullen Jr. joue du piano. La partie n’est pas compliquée, mais elle est magnifiquement réalisée. Parallèlement, Abe Laboriel Jr, mieux connu comme batteur de Paul McCartney, chante des chœurs.

D’autres chansons font un pas de côté, comme « 11 O’Clock Tick Tock », un autre rocker des débuts de l’album, qui devient un mid-tempo jazzy digne d’un salon ou même d’une salle de bal, rappelant « Save a Prayer » de Duran Duran. Encore plus inhabituel, « Out Of Control » est présenté dans un arrangement folky Americana ! Malgré l’instrumentation clairsemée (Bono, Edge, deux parties de guitare acoustique), elle reste énergique. Qui l’eût cru ? « Pride (In The Name Of Love), la dernière chanson du premier disque, introduit enfin la guitare électrique de Edge, mais sans attendre.

Sur le nouvel album de U2, on dirait le groupe des années 2000 jouant le U2 des années 1980, sans les retards caractéristiques de ce dernier. Elle comporte également un arrangement orchestral du joueur de tabla indien-américain Karsh Kale, ainsi qu’une chorale composée d’enfants de Mumbai, dirigée par l’auteur-compositeur-interprète de Delhi Kamakshi Khanna.

Le morceau « Red Hill Mining Town », favori des fans des années 80, sonne presque rétro-futuriste avec des synthétiseurs ou des guitares à chorus spatiaux. La caisse claire militariste caractéristique de Mullen est présente ici, ainsi qu’une section de cuivres de quatre musiciens dirigée par Trombone Shorty.

La chanson « Sometimes You Can’t Make It On Your Own », tirée de l’album How to Dismantle an Atomic Bomb (2004), présente une nouvelle progression d’accords, jouée au piano, qui la fait ressembler à « Sunday Bloody Sunday ». Il s’agit d’un autre morceau où le chant de Edge occupe une place prépondérante. Une harpe ou un clavecin fait son apparition aux deux tiers du morceau, ainsi que le jeu de batterie de Mullen, qui donne toujours l’impression de jouer une chanson de marche.

On poursuit l’écoute du nouvel album de U2 avec la nouvelle version du tube « Vertigo » qui met le paquet. Des cordes du Moyen-Orient ouvrent cet arrangement, rapidement rejointes par un violoncelle ou une basse à archet, une guitare et un vibrato en forme de serpent à sonnettes joué par Bono lui-même. Les cordes sonnent plus irlandais vers la fin. C’est différent et cela risque de faire naître des conversations, mais est-ce que cela atteint l’objectif d’un son plus intime ? Il semble qu’il faille au moins sept ou huit personnes sur scène pour jouer sans accompagnement.

« Desire », tirée de Rattle & Hum (1988), est la chanson la plus moderne de tout l’album. Elle est funky, avec des basses électroniques profondes. Elle se veut un hymne de club tout en conservant son côté bluesy. Les résultats varient. J’ai aimé. La personne assise derrière mon épaule a eu un haut-le-cœur.

Le nouvel album de U2 Songs of Surrender stagne sur des chansons qui offrent une ambiance similaire à celle des enregistrements originaux, ou sur des arrangements similaires à ce que U2 a joué en concert pendant des années. Il s’agit notamment de « Beautiful Day », « Stuck In A Moment You Can’t Get Out Of » (Ezra Mullen, le fils de Mullen, joue du tambourin), « Who’s Gonna Ride Your Wild Horses » et « Sunday Bloody Sunday » (sur laquelle Edge joue du ukulélé).

Si U2 n’avait pas déjà sorti un mix de « The Fly » (Achtung Baby, 1991) appelé « Lounge Fly » dans les années 90, cette nouvelle version serait un substitut acceptable. L’ancienne chanson est meilleure, et celle-ci devient plus bizarre avec un tas d’éléments intéressants qui ne s’accordent pas entre eux.

Et sur « I Still Haven’t Found What I’m Looking For », Bono a l’air d’un vieux lion fatigué qui tente d’échapper à son destin. Peut-être que sa carrière d’acteur a déteint sur cet arrangement. Il y a tout de même un avantage : La chanson est accompagnée de chœurs de Brian Eno et de Daniel Lanois. Il ne s’agit pas d’enregistrements d’archives, ce qui laisse présager de futures collaborations entre ces vieux amis. La basse est assurée par le technicien d’Adam Clayton, Stuart Morgan.

Malheureusement, il y a quelques chansons qui enlèvent à U2 ce qui fait d’eux des U2. L’original « Where The Streets Have No Name » et la version jouée par le groupe lors des concerts apportent une catharsis par le biais d’une poussée de dopamine. Mais la version que nous avons ici est plus axée sur la sérotonine. Bono chante en sourdine jusqu’à la fin sur un piano et des synthés brumeux. Elle ne décolle jamais. De même, « City Of Blinding Lights » et « Until The End Of The World » sont vidés de leur substance. Le premier sonne comme « Lullaby U2 ».

Notre avis sur le nouvel album de U2 Songs of Surrender en 2023 ? Que vous considériez Songs of Surrender comme un nouvel album de U2, comme un mélange de bonus sans pièce maîtresse ou comme un compagnon de la production théâtrale de Bono ou de ses mémoires, il devrait suffire à piquer votre intérêt. Il est toutefois peu probable qu’il remplace les originaux dans votre liste de lecture.