Place à notre avis sur le nouvel album de Beyonce en 2024, Cowboy Carter. « Les genres sont un drôle de concept, n’est-ce pas ? » demande Linda Martell, la première artiste country féminine noire à avoir connu un succès commercial dans l’histoire, dans un extrait audio situé à peu près au milieu de COWBOY CARTER. « En théorie, leur définition est simple et facile à comprendre », poursuit-elle, « mais en pratique, certains peuvent se sentir confinés ».
Mais rien ne peut arrêter Beyoncé, dont le nouveau projet est le plus ambitieux à ce jour.
- Columbia
Précédée par l’album RENAISSANCE, largement acclamé pour son influence sur la musique house, Beyoncé avait fort à faire pour le deuxième volet de son projet en trois actes. Et lorsqu’il s’est avéré que ce deuxième acte impliquait de la musique country, le débat public s’est ensuivi.
Alors que certaines stations de radio country ont interdit les premiers singles de Beyoncé, d’autres ont défendu la puissante déclaration de récupération d’un son créé à l’origine par des Noirs et aujourd’hui considéré comme un genre blanc. C’est alors que Beyoncé elle-même s’est jointe à la conversation pour préciser ses intentions.
Y a quoi sous le capot de Cowboy Carter le nouvel album de Beyonce en 2024 ?
« Ce n’est pas un album de country. C’est un album de Beyonce », a déclaré l’artiste en ligne dans les jours qui ont précédé la sortie de l’album. Ce sentiment est tout à fait justifié. Lorsque Beyoncé choisit de se lancer à corps perdu dans la country, ses racines méridionales et sa voix inégalée lui permettent de se fondre dans le genre, comme s’il s’agissait de sa signature depuis le début de sa carrière. Mais cet album ne fait rien d’autre que de défier les étiquettes, sautant d’un genre à l’autre et faisant constamment des tours et des détours inattendus.
Sur 27 pistes, l’énorme nouvel album de Beyonce COWBOY CARTER abandonne le tracklisting narratif conceptuel de Lemonade (2016) et les transitions cohésives de RENAISSANCE pour plonger les auditeurs dans une émission de radio fictive (Jon Batiste vient de faire quelque chose de similaire en mettant l’accent sur la musique mondiale), ce qui permet d’expliquer et d’adoucir les sauts brusques entre les sons. Les animateurs de la radio sont des légendes de la country comme Willie Nelson et Dolly Parton, qui font des apparitions dans de courts interludes amusants.
Sur la première moitié de l’album, Beyoncé évoque son amour pour sa famille ainsi que les épreuves qu’elle a surmontées dans sa carrière et sa vie personnelle. « PROTECTOR » est une magnifique ode à ses enfants, avec l’une des compositions les plus complexes et les plus éloquentes de toute la carrière de la star : “An apricot picked right off a given tree /I gave water to the soil and now it feeds me.”. Elle adopte un ton plus agressif dans une interprétation unique de l’emblématique « JOLENE » de Dolly Parton, menaçant la femme dont elle craint qu’elle ne veuille s’emparer de son homme.
Cette partie de l’album comprend également la ballade country « 16 CARRIAGES », écrite de main de maître et chargée d’émotion, qui n’est pas seulement un moment fort de l’album, mais aussi un moment fort de la carrière.
Elle joue rarement la carte de la sécurité sur cet album, mais il y a quelques exceptions. Sa fidèle interprétation de « BLACKBIRD » des Beatles est élégamment arrangée et jouée, mais ce morceau peu imaginatif n’a pas sa place en tant que deuxième chanson de l’album. « TEXAS HOLD ‘EM » est un morceau de danse en ligne amusant, mais si vous demandiez à l’IA de créer une chanson country de Beyoncé, elle produirait probablement les mêmes clichés de yeehaw.
Mais pour le reste du projet, le mot « safe » ne fait tout simplement pas partie du vocabulaire de Beyoncé. Sur la méchante et vengeresse « DAUGHTER », elle consacre un couplet à l’air d’opéra italien « Caro Miro Ben ». Plus tard, elle se laisse aller à des moments de hip-hop sur « SPAGHETTI » et de soul psychédélique sur « II HANDS II HEAVEN ».
Les featuring de l’album sont mitigés : Beyoncé et Miley Cyrus ont chacun leur rôle à jouer tout en faisant briller leur alchimie sur le simple et doux « II MOST WANTED », mais on ne peut pas en dire autant du featuring inutile de Post Malone sur « LEVII’S JEANS », sur lequel le flow maladroit de Malone diminue la qualité d’un morceau par ailleurs funky.
Au fur et à mesure que l’album progresse, le thème de la country s’estompe et la Beyoncé féroce que nous connaissons et aimons émerge. « Bounce on that shit, dance », répète-t-elle sur le refrain rythmé de « RIIVERDANCE ».
Enfin, le nouvel album de Beyonce se termine avec « SWEET ★ HONEY ★ BUCKIIN » et « AMEN », le premier étant une extravagance en trois parties produite par Pharrell-Williams, où Beyoncé dénonce la discrimination à laquelle elle a été confrontée dans l’industrie de la musique, y compris une attaque justifiée et méritée contre la Recording Academy pour ses refus répétés des Grammy.
« AMEN » conclut l’album avec un paysage sonore grandiose qui termine le tourbillon de l’album avec le même son choral que le morceau d’ouverture.
Notre avis sur le nouvel album de Beyonce, Cowboy Carter ? Avec COWBOY CARTER, Beyoncé prouve qu’elle peut à peu près tout faire et qu’elle n’a pas peur d’innover tout en acceptant d’embrasser ses racines. Sa capacité à s’adapter à des genres musicaux apparemment infinis est vraiment étonnante.
La tracklist de Cowboy Carter
- « Ameriican Requiem »
- « Blackbiird » (feat. Tanner Ardell)
- « 16 Carriages »
- « Protector »
- « My Rose »
- « Smoke Hour » (Willie Nelson intro)
- « Texas Hold ‘Em »
- « Bodyguard »
- « Dolly P. » (Dolly Patron intro)
- « Jolene »
- « Daughter »
- « Spaghetti » (feat. Shaboozey)
- « Alligator Tears »
- « Smoke Hour II »
- « Just For Fun »
- « II Most Wanted » (feat. Miley Cyrus)
- « Levii’s jeans » (feat. Post Malone)
- « Flamenco »
- « The Linda Martell Show » (intro by Linda Martell)
- « YaYa » (feat. Willie Jones)
- « Oh Louisiana »
- « Desert Eagle »
- « Riverdance »
- « II Hands II Heaven »
- « Tyrant » (feat. Dolly Parton)
- « Sweet Honey Buckin' »
- « Amen »
Ecoutez Cowboy Carter de Beyonce
Léo Delcourt est le rédacteur en chef du site meilleurs-albums.com, une plateforme incontournable pour les passionnés de musique et les mélomanes en quête des meilleurs albums de tous les genres. Né à Lyon en 1990, Léo a grandi entouré de musique, influencé par un père guitariste et une mère collectionneuse de vinyles rares. Après avoir obtenu un diplôme en musicologie et journalisme culturel, il a débuté sa carrière en tant que critique musical freelance pour plusieurs magazines spécialisés. En 2018, il rejoint meilleurs-albums.com, où son approche passionnée et analytique de la musique a permis au site de se hisser parmi les références en matière de critiques d’albums, d’analyses de tendances musicales et de recommandations